• Je sors de chez moi. Je dois avoir au moins vingt minutes d'avance. Peu importe, si je reste dans mon appart à tourner en rond je vais devenir folle. Une camel plantée au coin des lèvres, je suis deux de tens' comme d'hab, j'ai mon baggy qui frotte par terre, et la gueule d'une fille qui n'a pas dormi. En cinq minutes je suis là, adossée à la porte en bois, à fixer l'escalator du métro. Des gens qui sortent tous les trois minutes par paquet de dix...Je regarde ailleurs, essaie d'avoir un air dé-ten-du...j'ai les mains qui pianotent sur mon manteau, hum, il fait beau aujourd'hui...jettez un regard à son portable pour savoir combien de temps il reste...j'ai légèrement mal au ventre, un peu d'angoisse...mais pas plus. Combien de fois j'ai attendu des gens, devant cette entrée d'immeuble, à fumer ma clope ? Je ne sais plus. Je compte le nombre de pavés pastels sur le sol...je me gratte le bras, je stresse un peu, encore cinq minutes si tout se passe bien. Je me repasse en boucles toutes les choses qu'on a faites, qu'on s'est dites, histoire de me rassurer. Un type passe, me demande du feu. Un métro vient d'arriver, une gamine, deux femmes, genre tailleur-talons, un groupe de fashions qui revient de chez Jennifer, quelle horreur, un type barbu qui téléphone...et puis plus personne. Soupir. Les cinq minutes sont passées, maintenant tu peux arriver n'importe quand. Je me tortille les mains...lève la tête, un nuage s'effiloche dans le ciel bleu...et tu es là. J'ai l'impression d'un coup que tout s'est arrêté, que les gens autour ont disparu, que tout se tait, ma clope ne fume plus...hum je me demande la tête que je dois tirer. Je suis un peu gênée, toi aussi...ça dure deux secondes et pourtant l'éternité ne pourrait pas être plus longue. Je sais très bien ce que j'ai envie de faire...il y a ce doute qui reste encore un peu...est-ce que je le fais...est-ce que je ne vais pas me faire rembarrer...et puis je m'en fous, ça fait trop longtemps que j'attends ça. Juste un pas et je suis dans tes bras. Et je te sers fort, et toi aussi, et là j'ai l'impression que dans ce moment, toutes nos larmes, tous les mots que je t'ai dit, que tu m'as dit, tous nos soupirs, tous nos délires, toutes ses heures à attendre ou à t'entendre, prennent enfin un sens...ou surtout que je peux enfin prendre celle avec qui j'ai partagé tout ça, te regarder, te prendre la main, te remettre une mèche de cheveux qui est venue se glisser devant tes yeux...t'embrasser aussi...dire un je t'aime, très vite, parce qu'on a pas encore l'habitude de tout ça, parce qu'on est un peu émue, un peu gênée...je dois avoir mon petit sourire niais, je dois dire sûrement beaucoup de bêtises et m'embrouiller dans ce que je raconte...puis finalement tu ris, parce que mon air timide t'amuse, et c'est comme là première fois où je t'ai parlé, quand tu ris j'arrête d'avoir peur du reste, tu es là. Tu es là. Dans deux jours ça fera un moins qu'on est ensemble.

    Je me réveille, on est mardi matin. Tout ça je l'ai rêvé pour la énième fois. Toujours le même rêve. Je regarde mon portable, il est 07:14, par la fenêtre, là-bas, il y a la lune cachée derrière les nuages roses, et le soleil qui se reflète dans la vitre d'en face. J'aurai aimé avoir un sms, avec juste ces mots "aujourd'hui je viens". Je souris. Tape un "bijour mon amour, bien dormi ? (je t'aime)". Soupir. Il fait beau, pas de quoi être triste aujourd'hui. Non, pas de quoi être trise, parce que je sais. Je sais que ce jour là, celui dont je rêve, je vais le vivre, peut-être pas tout à fait de la même façon, mais quand même, je vais le vivre. Attendre, une semaine, un mois, tout le temps que tu voudras, du moment que je sais qu'un jour ou l'autre tu vas me dessiner mon rêve.

    Quelques jours de souffrance ne sont rien comparés à toute une vie avec toi...

    Je t'aime


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